Le couscous déshydraté de manioc communément appelé attiéké déshydraté s’est, depuis quelques années, taillé uneplace sur les marchés locaux du Burkina Faso. Un produit phare issu de la transformation de manioc par l’entreprise agroalimentaire NanAlim, l’attiéké déshydraté a atteint aujourd’hui une échelle supérieure en matière de qualité grâce à un engagement de la promotrice Madame ZOUMBARA née Nana Sabine et l’implication de plusieurs acteurs tout au long de la chaîne de valeurs.
Dans sa production de l’attiéké déshydraté, la matière première utilisée par NanAlim est la pâte de Manioc. Elle s’approvisionne principalement auprès des unités de transformation nationales qui transforment le manioc produit sur place en pâte. Elle collabore aussi avec des unités de transformation locales qui transforment la pâte qu’elle leur met à disposition en attiéké frais. Grâce à ce dispositif, elle assure la traçabilité de ses produits et inclus un grand nombre d’entreprises locales dans sa chaine de valeurs. Au début, elle importait la pâte de la Côte d’Ivoire. Cette pâte présentait quelquefois une qualité non satisfaisante. La couleur et le goût du produit fini étaient variables d’une production à l’autre. À cela s’ajoute la présence fréquente des grains de sable et d’eau. Les conditions de transport étaient parfois à déplorer si bien que la pâte pouvait arriver détériorée et/ou en décomposition.
Pour pallier ce problème de qualité et accroître ses ventes, NanAlim a initié la mise en place d’un système qualité à travers la traçabilité de la matière première, le respect des normes d’installation, a maîtrise de l’hygiène de l’environnement et du matériel à travers un programme de nettoyage et désinfection, la maîtrise de l’hygiène corporelle des personnes travaillant au sein de l’unité et l’élaboration d’outils de gestion des stocks et des cahiers de charge.
Afin de mieux maîtriser les éléments suscités, un contrôleur qualité a été recruté au sein de l’entreprise. Celui-ci fait le contrôle de la qualité des matières premières entrant dans la production de l’attiéké frais (la pâte fermentée de manioc), assure la qualité du produit fini avant la commercialisation et veille aussi au respect des bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication.
Grâce à ces contrôles, NanAlim a pu identifier plusieurs causes de la faible qualité de la pâte notamment les variétés de manioc inadaptées pour la production d’attiéké, une faible maîtrise du processus de transformation des tubercules en pâte et une faible qualité du matériel utilisé qui impacte directement la qualité de l’attiéké fini.
Obtenir des matières premières de qualité à travers la formation à la base
Qu’il s’agisse de la pâte importée ayant une acidité non constante, ou encore des variétés locales inaptes à la transformation, NanAlim a eu à faire face aux différentes causes liées à l’insuffisance de la qualité, mettant un accent sur la formation à la base.Le manioc produit dans certaines localités du Burkina Faso comme Banfora, n’était pas apte à la production d’attiéké. Afin de s’assurer de la qualité de ses produits, NanAlim a travaillé à la vulgarisation et l’adoption d’une nouvelle variété avec l’accompagnement de 2SCALE. L’organisation et la formation des producteurs sur les bonnes pratiques agricoles ainsi que l’utilisation de la variété V5 ont permis de produire du manioc apte la transformation. Mme Nana/Zoumbara Sabine, promotrice de NanAlim explique :
Le manioc était produit dans la localité de Banfora. Au tout début, lorsqu’on prennait ce manioc, on avait toujours des difficultés. C’est comme si c’était nous qui ne maîtrisions pas la transformation. On ne savait pas que c’était un problème lié à la variété. Avec l’appuis des services de la recherche, une variété existe et est adaptée à la transformation de l’attiéké et aux conditions climatiques du Burkina. Ainsi, 2SCALE a accompagné la vulgarisation de cette variété auprès des producteurs et nous a connectés aux producteurs qui utilisent la variété V5. Cela a renforcé la production en quantité et en qualité.
Animée de la volonté de garantir une qualité constante de la pâte en termes de couleur, d’acidité et d’absence de matières étrangères telles que les grains de sable, cailloux et métaux, NanAlim avec l’appui de 2SCALE a assuré la formation d’un certain nombre d’unités de transformation principalement dirigées par des femmes, installées dans les localités productrices de manioc sur les bonnes pratiques d’hygiène et la production de la pâte fermentée. Cette initiative, selon M. Ouédraogo David, Responsable qualité de NanAlim, a permis non seulement de réduire la charge de travail au sein de NanAlim; mais aussi à améliorer nettement la qualité de la pâte. Il explique :
Cette initiative a favorisé la spécialisation des femmes transformatrices de pâte. Elle s’est également présentée comme une solution pour réduire l’importation de la pâte fermentée de manioc, car le transport prenait énormément de temps. Des fois, la pâte arrivait en état de putréfaction ou avec une qualité dégradée du fait des contaminations lors du transport mixte. Elle a aussi permis d’avoir des débouchés de commercialisation du manioc pour les producteurs ayant adopté la variété V5, et aussi l’inclusion d’un plus grand nombre de jeunes et des femmes dans la chaîne de valeurs.
Mme Ouédraogo Mariam fait partie des jeunes femmes qui ont bénéficié de cette initiative. Initialement transformatrice et revendeuse d’attiéké, elle s’est vite reconvertie en transformatrice de pâte. Elle raconte :
« Au cours de nos différentes rencontres, je me suis rendu compte que le principal défi était l’obtention de la pâte par les transformatrices d’attiéké. Les femmes se promenaient avec leur argent, mais ne pouvaient pas avoir de la pâte. Pendant ce temps, les producteurs aussi disaient qu’ils produisaient, mais qu’il n’y avait pas de transformation. Je me suis dit, pourquoi ne pas me positionner entre ces deux. Ainsi nous avons commencé à transformer le manioc en pâte. Maintenant, les femmes n’ont plus besoin d’aller chercher la pâte en Côte d’Ivoire. »
Un produit plus attractif dans un emballage répondant aux attentes du client
Les premiers emballages de Nanatiéké étaient en papier kraft doublé de film plastique, laissant une fenêtre par laquelle le client pouvait avoir un accès visuel au produit. Cependant, pour la clientèle de NanAlim qui est de plus en plus exigeante, il est très important de voir tout le contenu de l’emballage pour s’assurer qu’il ne cache pas de défauts. NanAlim a donc travaillé à respecter leur critère de qualité à travers l’utilisation d’un emballage totalement transparent avec une étiquette donnant toutes les informations sur le produit et le contact de l’entreprise pour des services après-vente.
« Pour avoir de l’attiéké de cette qualité, ça n’a pas été facile, mais aujourd’hui on a atteint l’objectif » dixit Mme Nana/Zoumbara Sabine.
Aujourd’hui, NanAlim a augmenté ses ventes d’attiéké frais et couvre pratiquement tout le pays. Nanatiéké est certifié NBF (Norme du Burkina Faso), marque nationale de conformité aux normes sur les produits certifiés au Burkina Faso. Les résultats satisfaisants obtenus dans ce processus ont permis à NanAlim de se projeter aujourd’hui vers la mise en place du système d’analyse des risques et de maîtrise des points critiques HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point).
Source
2Scale